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di Carole Blumenfeld

Les belles surprises du Musée des Beaux-Arts de Marseille

Après dix ans de travaux, le Palais Longchamp apparaît plus spectaculaire que jamais dans ce monument emblématique du Marseille du Second Empire, destiné à célébrer l’arrivée des eaux de la Durance dans la ville.

La réouverture du Musée des Beaux-arts de Marseille fut au début de l’année 2014 pour le moins discrète! L’événement méritait pourtant d’être souligné tant il relevait quelque peu du miracle. On doit certainement ce tour de force à Christine Poullain, la Directrice des Musées de Marseille.

Après dix ans de travaux, le Palais Longchamp apparaît plus spectaculaire que jamais dans ce monument emblématique du Marseille du Second Empire, destiné à célébrer l’arrivée des eaux de la Durance dans la ville. La restauration de l’intégralité des décors peints et sculptés de l’aile gauche où est logé le Musée des Beaux-arts, mais aussi de la verrière d’origine, a permis de rendre tout son éclat et tout son lustre au lieu.

Le maître des lieux, Luc Georget, présente un accrochage sur deux niveaux : la peinture et la sculpture du XVIIe siècle au rez-de-chaussée et celles des XVIIIe et XIXe au premier étage –l’horrible mezzanine a d’ailleurs disparu. Le Musée avait accueilli dans le cadre des célébrations de Marseille 2013, le volet marseillais de l’exposition Regards de Provence, dont les couleurs des cimaises ont été conservées. Le résultat est particulièrement réussi. Le brun Romagne, le brun mâconnais et le bleu Apataki se marient à merveille avec les collections.

Le Palais Longchamp devraient ravir les amateurs souvent déçus par la qualité inégale de certaines collections de musées de province français, ou ceux –nombreux-, qui sont malheureux face à un accrochage négligé ou peu soigné. La présentation révèle ici un grand respect du public. Le musée n’expose que des tableaux dans un état de conservation parfait.

Pour évoquer le seul rez-de-chaussée, Le Guerchin de la Galerie de la Vrillière, Les Adieux de Caton d’Utique à son fils et L’Elie nourri par le corbeau de Lanfranco autrefois dans la Chapelle du Saint-Sacrement à Saint-Paul-hors-les Murs à Rome, ouvrent le parcours. Les œuvres historiques de la collection sont certes mises à l’honneur, de La Consécration à la Vierge de Lavinia Fontana à L’Assomption de la Vierge de Philippe de Champaigne ou encore au Roi David de Mathias Stomer , mais Luc Georget fait également la part belle aux acquisitions des trente dernières années. Le musée a en effet mené une politique d’achats très dynamique, parfaitement en accord avec l’esprit des collections. Citons seulement Tobie rendant la vue à son père d’Assereto acquis en 1985, Saint-Sébastien soigné par Irène de Bassetti en 1988, Jésus prenant la crois de Saint-Joseph de Dolci en 1997 ou encore les deux grands formats de Nicolas Labbé, achetés anonymement en 1984 et récemment rendus à leur auteur.

L’accrochage entremêle savamment les œuvres françaises et italiennes avec celles de l’Ecole provençale ou d’artistes présents dans le Sud de la France. Louis Finson avec son Autoportrait et sa Madeleine en extase d’après Caravage, ou Pierre Puget s’imposent avec majesté. La Sainte famille au palmier de ce dernier est d’ailleurs une acquisition de 2008, une composition qui rend tout à la fois compte de sa dette envers l’Ecole génoise et envers les tableaux de Van Dyck étudiés à Gênes. Des ciseaux aux pinceaux, l’artiste de Marseille donne quelques aperçus ici de son immense talent protéiforme.

Le Musée des Beaux-arts devrait réserver de nouvelles surprises pour les années à venir. Près de cent quarante tableaux vont faire l’objet d’une prochaine campagnes de restauration, ce qui devrait à terme permettre de renouveler l’accrochage. A côté du grand Pérugin dont l’intervention sera étroitement suivie par un comité scientifique prochainement nommé, le Musée redonnera vie à tout un ensemble de grands formats, peu connus en raison de leur état, et surtout des œuvres dont les attributions font encore débats.

Marseille réussit avec brio un pari bien singulier. Les conservateurs du musée n’ont pas de vocation encyclopédique, mais plutôt l’ambition d’exceller dans certains domaines, un parti pris rendu possible par la richesse des collections de la région. Si le Pérugin est l’œuvre la plus ancienne du musée, le Musée du Petit Palais en Avignon est proche, tout comme le Musée Granet à Aix-en-Provence, qui complète parfaitement plusieurs pans de la collection. De même lorsque la surface muséale pourrait sembler relativement modeste pour le musée des Beaux-arts de la seconde ville de France, les responsables marseillais parviennent à jouer de ces contraintes en proposant un parcours très choisi dans ce lieu d’exception.